lundi 25 juillet 2011

Eloge du maquillage par Charles Baudelaire

Charles Baudelaire parle Make Up, ça vous intrigue ? Et bien vous avez raison. Voici des morceaux choisit d'un petit bijou de la littérature française écrit par l'un de ses plus grands maîtres. Parce que oui, on peut être passionnée de cosmétiques et avoir des neurones ( et être passionnée de littérature classique dans mon cas). Je vous laisse découvrir par vous même.


Crédit Photo : Givenchy

"La femme est bien dans son droit, et même elle accomplit une espèce de devoir en s’appliquant à paraître magique et surnaturelle; il faut qu’elle étonne, qu’elle charme; idole, elle doit se dorer pour être adorée. Elle doit donc emprunter à tous les arts les moyens de s’élever au-dessus de la nature pour mieux subjuguer les cœurs et frapper les esprits. Il importe fort peu que la ruse et l’artifice soient connus de tous, si le succès en est certain et l’effet toujours irrésistible. C’est dans ces considérations que l’artiste philosophe trouvera facilement la légitimation de toutes les pratiques employées dans tous les temps par les femmes pour consolider et diviniser, pour ainsi dire, leur fragile beauté. L’énumération en serait innombrable; mais, pour nous restreindre à ce que notre temps appelle vulgairement maquillage, qui ne voit que l’usage de la poudre de riz, si niaisement anathématisé par les philosophes candides, a pour but et pour résultat de faire disparaître du teint toutes les taches que la nature y a outrageusement semées, et de créer une unité abstraite dans le grain et la couleur de la peau, laquelle unité, comme celle produite par le maillot, rapproche immédiatement l’être humain de la statue, c’est-à-dire d’un être divin et supérieur? Quant au noir artificiel qui cerne l’œil et au rouge qui marque la partie supérieure de la joue, bien que l’usage en soit tiré du même principe, du besoin de surpasser la nature, le résultat est fait pour satisfaire à un besoin tout opposé. Le rouge et le noir représentent la vie, une vie surnaturelle et excessive; ce cadre noir rend le regard plus profond et plus singulier, donne à l’œil une apparence plus décidée de fenêtre ouverte sur l’infini; le rouge, qui enflamme la pommette, augmente encore la clarté de la prunelle et ajoute à un beau visage féminin la passion mystérieuse de la prêtresse.
Ainsi, si je suis bien compris, la peinture du visage ne doit pas être employées dans le but vulgaire, inavouable, d’imiter la belle nature, et de rivaliser avec la jeunesse. On a d’ailleurs observé que l’artifice n’embellissait pas la laideur et ne pouvait servir que la beauté. Qui oserait assigner à l’art la fonction stérile d’imiter la nature? Le maquillage n’a pas à se cacher, à éviter de se laisser deviner; il peut, au contraire, s’étaler, sinon avec affectation, au moins avec une espèce de candeur. "

Certes, c'est un peu long à lire mais tellement beau. Je me lasse pas de le relire encore et encore.
Il me tarde de connaitre vos avis sur ce texte, sur le sujet.

C'était la minute culturelle et j'espère pouvoir vous en offrir d'autres très bientôt.
Bonne journée !

1 commentaire:

  1. Dis-moi si je me trompe! Mais ce texte ne proviendrait pas des paradis artificiels de Baudelaire? Magnifique ce texte!
    Bise
    Josy -xxx-
    etreradieuse.com

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